Epsi avant Epsi
Cet article retrace la naissance du collectif EPSI, qui ne s’est pas aussitôt appelé ainsi d’ailleurs…
27 mai 2021 : Premier contact par un mail que j’envoie à des jeunes que j’ai croisés virtuellement les mois précédents, sauf Alexandre que j’ai rencontré au Café Citoyen à Lille.
- Alexandre LONGA était diplômé de l’Ensam depuis 2020. Il suivait alors des étude de Sociologie à Lille, où il était entré en L3 après son diplôme d’ingénieur. Il m’avait contactée en 3e année d’école, en décembre 2019. Nous nous étions ensuite vus à Lille et avions pas mal échangé sur ses études, les questions qu’il se posait alors sur la suite ;
- Sam ALLIER était diplômé des Mines d’Alès depuis 2020. On s’était connu par le biais d’Ingénieurs Sans Frontière en mars 2020. En 2021, il suivait un Master d’Histoire et travaillait comme chargé de projet pour le Shift Project. Il m’a contactée pour m’interroger pour le rapport sur la formation des futurs ingénieurs. On s’est pas mal parlé de la place de l’éthique dans le rapport du Shift. Je menais alors une enquête avec Marie-Pierre Bès sur la situation des étudiants pendant le confinement (j’ai abandonné ce projet après son décès en février 2021). Sam et moi nous sommes mutuellement interrogés, moi sur sa vie d’étudiant confiné, lui sur l’éthique de l’ingénierie ;
- Jérémie SUPIOT avait validé en 2017 un M2 en philosophie intitulé “éthique écologie et DD”, à la suite d’un parcours de formation en philosophie. C’était un 100 % philosophe, quoi que… un peu entrepreneur aussi (dans le champ de la certification en éthique : pas banal pour un philosophe !). Il était alors en attente de financement de l’Ademe pour une thèse de philo qui porterait sur les ingénieurs… et des questions d’éthique. C’est Michel Puech qui lui avait parlé de moi en juin 2020 ;
- Adrien POUJON finissait sa formation à l’Ensem, pour en sortir diplômé prochainement (2021). Il était alors en Master à Georgina Tech (Philo des science), et m’avait contactée via Michel Puech (Sorbonne) en septembre 2020 pour échanger autour de son projet.
- Antoine BOUZIN était diplômé de l’Enseeiht depuis 2016. Il était doctorant en sociologie au Centre Emile Durkheim à Bordeaux, après un M1 et un M2 en sociologie. On s’était connu via Cynthia Colmellere (ECP) et ISF en février 2021. On a vite vu qu’on avait en commun un intérêt pour les parcours d’ingénieurs pas comme les autres ;
- Hugo PARIS, diplômé de l’INSA de Lyon en 2019 était issu du monde de l’architecture. Chargé de projet Développement Durable à l’INSA pendant un an, il était en 2021 doctorant en sciences de l’éducation. Nous avions en commun un contact important, en la personne d’Eveline Manna. On s’est rencontré virtuellement en février 2021.
Je leur ai écrit alors, à tous les six, après avoir rédigé pour tous un bref descriptif du parcours de chacun :
“Que diriez-vous d’une petite rencontre virtuelle ? ce serait l’occasion pour moi de voir où vous en êtes chacun (c’est la sociologue des parcours atypiques aussi qui est curieuse !!), mais surtout de réfléchir à constituer un collectif en vue de collaborations intellectuelles et surtout humaines et conviviales.(…)
Comme vous le savez, ou pas, je m’intéresse depuis quelques années aux parcours ingénieurs qui bifurquent ou explorent les marges de la profession où les enjeux environnementaux et sociaux sont mis en priorité dans les finalités de l’activité… Mais vous, vous constituez un segment un peu différent par votre choix d’aller creuser du côté du monde académique, en vous acculturant à d’autres façon de faire sciences (Socio, histoire, philo…).
Je pourrais faire de vous un nouvel objet d’étude, et vous analyser comme des “cas” !!! J’avoue y avoir pensé. Mais je préfère que nous construisions quelque chose ensemble, entre chercheurs et chercheuses pour commencer, si cela vous tente : un réseau, un espace, une bibliothèque d’idées et de projets, de parcours, une plateforme, une pensée plurielle…. bon elle n’est pas encore très mixte, (ce qui est sociologiquement intéressant) mais ça viendra je l’espère.
La seule condition, la charte déontologique de cette initiative, c’est la gratuité, la générosité ! Faire réseau peut être dans votre intérêt et je n’ai rien contre l’intérêt bien compris. Par ailleurs, chacun de vous a ses propres enjeux professionnels et personnels à considérer et c’est normal. Mais si nous faisons quelque chose ensemble, c’est dans un esprit de partage.
Christelle”`
Dans la journée, réponse enthousiaste de chacun d’eux 🙂
Le 27 mai, j’ai fait la connaissance de Camille ROELENS, un philosophe de l’éducation qui connaissait bien le monde des ingénieurs et donnait alors des cours dans mon département de sciences de l’éducation à l’Université de Lille. Je l’ai invité à nous rejoindre. Le 2 juin, c’est Stéphanie MERLE que j’ai au téléphone. Anthropologue et islamologue, c’est une enseignante de l’université de Louvain qui mène des projets avec de futurs ingénieurs sur les relations Nord-Sud). Elle pense à commencer une thèse sur l’éthique, les ingénieurs et la justice sociale. Je l’invite aussitôt à se joindre à notre première rencontre organisée… le lendemain même.
3 juin 2021: Première réunion virtuelle
La première réunion a été l’occasion de faire connaissance, d’abord. Très vite des intérêts communs ont émergé, dont le rôle d’expert qui est attendu des ingénieurs. Le collectif était déjà riche d’une certaine diversité : des ingénieurs, mais pas que grâce à Camille et Stéphanie, mixte grâce à Stéphanie et moi :), international (encore grâce à Stéphanie !), composé de jeunes et de moins jeunes, des déjà docteurs, parfois en poste, des en voie de le devenir ou en questionnement… J’ai demandé alors si l’idée d’une autre réunion était pertinente, en septembre peut-être… Mais ce sera juillet, tout le monde était impatient.
15 juillet 2021
On a donc poursuivi nos échanges avec Antoine Bouzin, Alexandre Longa, Stéphanie Merle, Hugo Paris, Camille Roelens et Jérémie Supiot. On a accueilli Ambroise JOULIN, invitée par Antoine, dont le M2 en philosophie portait sur le mouvement technocratique américain (période 1920-1935) et qui songeait à une thèse sur les technocrates français. Entre temps, j’avais discuté avec Denis LEMAÎTRE (ENSTA, FOAP) de cette initiative émergente : il était enthousiaste. L’idée de la mise en place d’un séminaire porté par nos deux laboratoires (CIREL et FOAP) émergea lors de cette seconde rencontre. On envisagea une première séance de séminaire le 2 décembre 2021. Antoine et Camille étaient prêts à présenter leurs travaux, Hugo et Jérémie à jouer les rôles d’animateurs et discutants. Chacun était venu à cette séance avec de bonnes lectures à partager (cf nos premiers partages de lecture)
Octobre 2021
On s’est cherché un nom pour le séminaire, ce sera CULTURES D’INGENIEUR·ES ET FORMATIONS (CIF) et on a commencé à lister des invité·e·s possibles : des connu·e·s des moins connu·e·s… on se sentait prêt·e·s à se lancer dans l’organisation d’un séminaire régulier. On avait eu l’accord du CIREL et de FOAP pour considérer officiellement notre activité comme un séminaire interlaboratoire.
Novembre 2021
On a discuté fonctionnement, groupe de travail, gouvernance… On a commencé à chercher un nom pour le collectif qui porte le séminaire. On a décidé qu’il y aurait 4 séances en 2021-2022, une par saison, en décembre, mars, mai et juin. Cela ne ressemblait pas encore tout à fait à un programme, mais s’en approchait…
Février 2022
Ça y est, on a trouvé notre nom. Ce sera les ETUDES PLURIDISCIPLINAIRES SUR L’INGÉNIERIE (EPSI)... assez vite, Hugo nous a créé un logo. On s’est donné quelques règles pour la communication sur linkedin puis twitter, les “save the date”, les invitations, les programmes, les “pour aller plus loin”. Hugo nous a concocté une charte graphique pour nos documents. Antoine crée des mailing listes interne pour le groupe (qu’on appelle désormais “collectif”) et à destination des personnes intéressées par les séminaires. Hadrien COUTANT (COSTECH, UTC Compiègne) nous a rejoints et a proposé que son laboratoire soit également porteur du séminaire. CIF devient officiellement le séminaire interlaboratoire de CIREL, FOAP et COSTECH. Camille a proposé très vite de travailler sur une publication des communications présentées au séminaire. Il a mené ce projet avec Denis.
Mars 2022
La préparation de la seconde séance de séminaire a été l’occasion de se rapprocher de Linda GARDELLE et Catherine ADAM qui y sont intervenues, comme Hadrien. Mais au delà de leur intervention, elles se sont engagées toutes les deux dans le collectif. Des participant•e•s régulièr•e•s, Nathan COUTABLE (Masterant, EHESS, OFC), Laetitia PIET (EC Marseille, LEST), Sarah GHAFFARI (Mines Nantes, CEN), Michaël VICENTE (UTC, COSTECH), Aurélien BÉRANGER (doctorant, COSTECH) ont rejoint le collectif… D’autres participants se sont montrés des partenaires privilégiés par leur présence régulière comme Juliens COLMARS et Eveline MANNA (INSA), Marie-Pierre ESCUDIÉ (INSA, IGB) -aujourd’hui membre active du collectif), Emmanuel ROZIÈRE (EC Nantes), Sarah SAFAR (Masterante EHESS), Nadine DUBRUC (Mines St Etienne), Catherine ROBY, sans oublier évidemment notre socio-historien de référence André GRELON (EHESS). J’en oublie forcément car chaque séminaire a rassemblé entre 40 et 60 participants, dans une configuration devenue de plus en plus hybride, et parfois multisite (Partis, Lyon, Brest…)
Juillet 2022
Lors du bilan de la première année, nous savions déjà que nous organiserions une séance spéciale “hors saison” avec le réseau ingénium que présidait Béatrice JALENQUE-VIGOUROUX, ainsi qu’une journée d’étude en 100% présentiel (c’est ce que nous imaginions alors) à Brest dans les locaux de l’ENSTA, avec le soutien du laboratoire FOAP. Nous avons commencé à concevoir le programme de l’année deux (2022-2023). De nouvelles idées pour le collectif EPSI ont alors émergé : pourquoi pas créer un podcast ? (c’est en projet avec Stéphanie, Jérémie et Catherine), et si vous trouvions le moyen de nous partager de bonnes lectures (c’est l’idée de la bibliothèque idéale, en cours). L’idée d’ouvrir le carnet Hypothèse sur lequel je publie ces mots est née aussi là (avec Laetitia, Nathan, et Alexandre).
La suite de l’histoire du collectif EPSI, du séminaire CIF, et la mise en œuvre de nos nouveaux projets, se lira donc dans ce carnet…
Avant de quitter cette page, comment ne pas me réjouir aussi des événements académiques qui nous ont rassemblé·e·s. Des colloques ont été l’occasion de nous voir en vrai (CICDS à Cergy, FPET à Delft, QPES à Lausanne, Sofphied à Bordeaux, AFS à Lyon…), des projets éditoriaux enthousiasmants sont en cours : un numéro dans une revue en sciences de l’éducation bien engagé par Camille et Denis, un ouvrage collectif issu du colloque FPET que vont codiriger Antoine, Aurélien, Hugo, Jérémie et moi-même, une proposition de numéro pour une revue d’anthropologie en cours d’élaboration en été 2023, avec Antoine et Marie-Pierre…
Christelle, 30 juin 2023
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Christelle Didier (15 août 2023). Epsi avant Epsi. Études Pluridisciplinaires Sur l’Ingénierie. Consulté le 7 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/oh6i
